
Le réalisateur autrichien Ernst Marischka a le projet de monter à l'écran l'histoire romancée d'Élisabeth de Wittelsbach (née en 1837 et assassinée en 1898 à Genève), épouse de l'empereur François-Joseph Ier d'Autriche. Il a toujours été sensible à l'immense pouvoir de séduction de cette impératrice, qui fut l'un des plus captivants personnages de la fin du xixe siècle, mais également celui dont les Autrichiens se souviennent avec le plus de nostalgie. Ernst Marischka avait déjà essayé de populariser Sissi en 1932 dans une opérette dont Paula Wessely tenait le premier rôle.

D'une part, pour lui, l'existence réelle d'Élisabeth révèle trop de tourments pour ne pas être romancée, et il souhaite ne conserver dans sa fiction que le passé glorieux et heureux de l'impératrice. Effectivement, il ne gardera que les événements romantiques et les grands moments d'émotion en occultant tous les drames pénibles et les phobies présents dans sa biographie. D'autre part, l'Autriche cherche à faire oublier son annexion à l'Allemagne nazie et à redorer son blason au niveau international.

Ernst Marischka ne va lésiner sur rien pour que le spectateur croie réellement côtoyer Sissi et son temps. Il vise très haut et sait que Romy, remarquablement secondée par sa mère qui interprète le rôle de la duchesse Ludovika, mère de l'impératrice, est prête à le suivre. Il choisit Karl-Heinz Böhm pour interpréter le rôle du jeune empereur François-Joseph.

À sa sortie en 1955, le film déclenche un immense engouement populaire en Autriche et en Allemagne, et ses recettes dépassent celles d'Autant en emporte le vent. En Europe, le film obtient la mention d'« œuvre culturelle ». En Suisse et en France il bénéficiera d'un lancement remarquable. Le film sera même diffusé gratuitement dans des écoles. Des prospectus de Romy Schneider sont distribués et son visage se retrouve sur des boîtes d'allumettes, des briquets ou des cartes bancaires. À Nice, à Lille, à Amsterdam, à Anvers, à Gand, à Madrid et à Helsinki, les records de fréquentations des salles de cinéma sont largement battus.

Le succès de Sissi étant largement assuré, Ernst Marischka entreprend de tourner un deuxième épisode, Sissi Impératrice (Sissi, die junge Kaiserin) avec un budget et une vision similaires au premier volet. Romy comprend difficilement qu'on puisse en faire un deuxième film. Elle est également de plus en plus opposée à ses personnages idéalisés et subit tant bien que mal les désagréments qu'on lui impose (par exemple porter une perruque de six kilogrammes qui lui donne des maux de tête). Le réalisateur et les coordonnateurs de la série refusent cependant de prendre en compte ses remarques pour rendre le rôle plus réaliste.
Le second Sissi recevra un accueil similaire à celui du premier. Des milliers de jeunes filles dans toute l'Europe vont adopter dès lors le style « princesse » : cheveux longs bouclés, taille de guêpe et jupons bouffants.
Le second Sissi recevra un accueil similaire à celui du premier. Des milliers de jeunes filles dans toute l'Europe vont adopter dès lors le style « princesse » : cheveux longs bouclés, taille de guêpe et jupons bouffants.

Romy n'achève le tournage du troisième Sissi qu'avec réticence et a hâte de se détacher du personnage auquel on a trop tendance à l'assimiler. Au grand dam de son agent, de son beau-père (qui gère sa fortune et utilise ses cachets pour investir dans des hôtels et restaurants) et aussi de sa mère (qui a besoin de sa fille pour maintenir sa propre carrière alors déclinante depuis la fin du régime nazi), elle s'oppose au tournage d'un quatrième Sissi. Plus tard, elle dira : « Je hais cette image de Sissi » et avouera : « J'ai refusé les quatre-vingts millions qu'on m'offrait pour tourner une quatrième mouture de Sissi. »

Dès 1953 Magda avait décidé de prendre en charge la carrière naissante de sa fille, qui prend définitivement le pseudonyme « Romy Schneider ». Aussi, Magda impose souvent aux réalisateurs de jouer auprès de sa fille ; elle interdit à Romy de signer le contrat que Kirk Douglas lui propose en 1957, lors de leur rencontre au Festival de Cannes. La jeune fille se rebelle alors et décide de choisir dorénavant elle-même ses rôles. La décision de Romy ne sera pas sans conséquence sur la carrière professionnelle et la situation financière de sa mère.
sylviejennevien, Posté le lundi 15 octobre 2012 16:32
magnifique