
En Occident, c'est une autre image de la femme et une autre façon de la célébrer qui a la cote : la fête des Mères y est le pendant « bourgeois » (pour utiliser un adjectif péjoratif utilisé entre autres par les communistes) de la journée internationale des droits des femmes. Elle nait à peu près en même temps, pour être adoptée aux États-Unis en 1908, en Angleterre en 1914, en France en 1929. C'est à l'aune de la guerre froide idéologique entre l'Est communiste et l'Ouest libéral qu'il faut voir la réappropriation américaine - qui date des années 1950 - du début historique de la journée des droits des femmes qui traverse opportunément l'Atlantique et gagne en antériorité pour désormais trouver sa source dans une grève à New York en 1857.
Le 8 mars 1947, Léon Blum salue la place importante des femmes dans la Résistance. Dans les années 1960, les avancées du féminisme et la révolution sexuelle aidant, l'image des femmes change à l'Ouest, la journée de Droits des Femmes plutôt que celle de la Mère fait son chemin et rend largement acceptable, en dehors de la sphère communiste, la célébration de l'égalité des droits hommes-femmes. En 1971, La journée est célébrée au Québec. Le 8 mars 1977, l'Organisation des Nations unies adopte une résolution enjoignant ses pays membres à célébrer une « Journée des Nations unies pour les droits de la femme et la paix internationale » plus communément appelée par l'ONU « Journée internationale de la femme ». Le passage du pluriel au singulier est révélateur des divergences entre la conception socialiste-féministe et la conception onusienne. En faisant disparaître les femmes en tant que groupe social au profit de la femme comme genre, l'organisation internationale tente de gommer la dimension conflictuelle de l'événement d'origine. Le 8 mars 1982, le gouvernement socialiste de François Mitterrand donne un statut officiel à la journée en France.