
Commandée par Camille Borghèse, le second mari de Pauline Bonaparte, elle fut sculptée de 1805 à 1808. Caractéristique du style néoclassique du sculpteur, l'œuvre fit scandale à cause de la rumeur que la princesse avait posé nue pour la sculpture. Il était de toutes façons inhabituel pour une personnalité de haut rang de n'être pas représentée revêtue de belles draperies ou cachée par des rideaux. La position particulière de la Vénus, un nu entier allongé, rappelle un type de statuaire dit inclinable connu, par exemple l'Hermaphrodite endormi de la collection Borghèse, aujourd'hui au Louvre, et sa posture allongée sur un klinai, accoudée sur un coussin, la pose semisdraiata de la statuaire antique.
Elle évoque l'Aphrodite (Vénus) victorieuse (Vénus Victrix) de la mythologie et une pomme de Pâris a été disposée dans la main gauche de la statue à cet effet pour évoquer la victoire de Vénus lors du Jugement de Pâris sur le Mont Ida, pour rendre hommage à la beauté triomphante de la princesse Borghèse, elle qui comptait parmi les plus belles femmes de son temps.
La statue est en marbre ciré. La base est en bois laqué, drapé comme un catafalque. Elle comporte un mécanisme qui, autrefois, faisait tourner la sculpture (comme cela fut le cas d'autres œuvres de Canova). L'ensemble a été restauré en 1996.
Exécutée à Rome, la statue a ensuite déménagé à la maison Camillo à Turin, puis à Gênes avant d'arriver dans sa résidence actuelle vers 1838. La chambre dans laquelle la sculpture est exposée à la Galleria Borghese dispose également d'un plafond peint représentant la scène du Mont Ida, peint par Domenico de Angelis en 1779 et inspiré par un célèbre relief sur la façade de la Villa Médicis.
Pauline Borghèse aurait également posé pour la Galatea dont A. Canova est aussi l'auteur, une statue qui se trouve dans le musée Demidoff à San Martino (au nord de Florence) et une copie dans le jardin des Mulini (Ile d'Elbe).