
Pour plus d'informations sur les thèmes historiques abordés, voir Empire romain, Armée romaine des origines à la fin de la République, Esclavage dans la Rome antique, Jeux dans la Rome antique.
Pour plus d'informations sur les personnages historiques présents dans le film, voir : Marc Aurèle, Commode et Lucilla (dynastie des Antonins).
Le film est vaguement basé sur des évènements historiques. En faisant Gladiator, Ridley Scott affirme avoir voulu représenter la culture romaine plus précisément que dans les films précédemment réalisés, et il a pour cela engagé plusieurs historiens pour le conseiller. Cependant, de multiples écarts historiques ont été ajoutées par les scénaristes pour augmenter l'intérêt du public, maintenir une continuité narrative et pour des raisons pratiques ou sécuritaires.
D'après Scott, le public avait, avant le film, une représentation de la Rome antique composée de faits historiques « trop incroyables », résultant des films hollywoodiens précédents. Devant la grande liberté prise avec le contexte historique, au moins un consultant a démissionné pendant le tournage, en raison des changements scénaristiques, et un autre a demandé à ne pas être mentionné dans les crédits. L'historien Allen Ward de l'université du Connecticut a écrit qu'il pensait que l'exactitude historique ne rend pas le film moins intéressant ou excitant : « les artistes créatifs ont besoin de leur licence poétique, mais cela ne devrait pas leur permettre de systématiquement ne pas tenir compte des faits dans la fiction historique
Buste de Commode en Hercule (191-192 ap. J.-C.), musées du Capitole, Rome
Les personnages de Marc Aurèle, Commode et sa s½ur ont réellement existé. De son côté, Maximus est un personnage fictif, mais tout à fait vraisemblable : il est semblable à certains égards à l'esclave Narcisse (assassin probable de Commode), à Spartacus (meneur d'une importante révolte des esclaves)39, à Cincinnatus (agriculteur devenu dictateur après avoir sauvé Rome de l'invasion), et à Marcus Nonius Macrinus (général romain, consul en 154 et ami de Marc Aurèle).
Le nom Maximus Decimus Meridius est également incorrect selon les conventions romaines de titulature, qui préconiseraient Decimus Meridius Maximus, Maximus étant le cognomen (surnom) et Decimus le praenomen (prénom).
Commode descendait volontiers se battre dans l'arène surtout pour les courses, mais aussi pour combattre des animaux4 : l'historien Hérodien et l'auteur de l'Histoire Auguste, qui lui étaient pourtant hostiles, reconnaissent son adresse en la matière. En revanche, il ne s'entendait pas du tout avec le Sénat. Ce dernier, sitôt sa mort annoncée, prononce sa damnatio memoriae (annulation de ses honneurs, effacement de son nom sur les inscriptions publiques, déclaration de son anniversaire comme jour néfaste et renversement de ses statues) et lui construit l'exécrable réputation posthume de l'empereur à travers ses historiens tels Dion Cassius ou Hérodien.
Au tout début, le prologue mentionne l'Empire Romain en « 180 avant Jésus-Christ », au lieu de « après ».
Les circonstances de la mort de Marc Aurèle et de celle de Commode ont été imaginées pour le film. Marc Aurèle meurt en réalité de la peste à l'âge de 60 ans, effectivement en Pannonie à Vindobona (Vienne, en Autriche). Par ailleurs c'est bien Marc Aurèle qui a fait en sorte que son fils lui succède, alors que ses prédécesseurs de la dynastie, sans héritiers masculins, avaient désigné et adopté un successeur, un homme de valeur.
Commode est assassiné en 192 par l'esclave Narcisse, qui l'étrangla dans son bain (il en prenait 5 par jour), sur les ordres de son épouse Marcia, une chrétienne. La durée de son règne fut de 12 ans alors que le film donne l'impression d'une période beaucoup plus courte. De plus, d'après l'Histoire Auguste, il avait 18 ans à la mort de son père, alors que Joaquin Phoenix en avait 26 au moment du tournage. De plus il était marié à Bruttia Crispina, blond aux cheveux enduits d'or, et gaucher.
Contrairement à ce qui est exposé dans le film, à l'époque de Marc Aurèle, soit deux siècles après la fin de la République précipitée par Jules César, il n'était nullement question de rendre le pouvoir au Sénat, qui d'ailleurs n'était pas du tout considéré comme un représentant de la plèbe (du peuple), mais plutôt de l'aristocratie romaine. À la mort de Commode, Pertinax, le Préfet de Rome, fut élu empereur, et l'Empire entra dans une période de crise.
Mais la personnalité du Commode du film est assez proche de celle du vrai Commode. Dans Gladiator, l'empereur interprété par Joaquin Phoenix, se rapproche plus d'un Caligula par sa mégalomanie et ses pulsions incestueuses envers sa s½ur Lucilla, et d'un Néron pour son raffinement et son ambition démesurée.
Le vrai Commode n'avait aucun goût pour les études, ni pour la politique. C'était un colosse ne s'intéressant qu'au cirque, et se prenant parfois pour la réincarnation d'Hercule, laissant l'exercice du pouvoir à ses favoris (affranchis, maîtresses chrétiennes) plutôt qu'au Sénat, qu'il a farouchement combattu. Il a cependant rétabli les libertés accordées aux chrétiens (sous l'influence de sa concubine Marcia, elle-même chrétienne) que son père avait persécutés, et ce malgré ses idées philosophiques stoïciennes ; il était un empereur peu doué pour l'exercice du pouvoir.
De plus, Marc Aurèle n'a jamais aboli les jeux du cirque : il les considérait en effet comme une diversion nécessaire pour le peuple, et insistait pour qu'ils continuassent à avoir lieu, même en temps de guerre.
Lucilla, la s½ur de Commode, mourut bien avant son frère, ce dernier l'ayant bannie puis fait assassiner pour sa participation à un complot contre lui.
Maximus arbore un tatouage SPQR, qui était réellement apposé sur la peau des soldats. Mais en vertu de la loi, le tatouage leur était fait sur le visage, les bras et les jambes, afin que ce soit difficile à cacher en cas de désertion. L'empereur Constantin fit supprimer le tatouage sur le visage en 325. Le mot latin pour « tatouage » était stigma, qui a donné le terme « stigmatiser ».
Les décors, les armements et les ambiances, très soignés, apparaissent comme parfaitement documentés.
Mais la scène de bataille qui ouvre le film comporte de nombreuses erreurs historiques Les projectiles incendiaires d'une telle intensité n'apparaitront qu'au viie siècle avec les feux grégeois byzantins. De plus les balistes romaines n'avaient qu'une portée de 300 mètres environ, alors que dans le film les projectiles semblent atteindre les 1000 mètres. Une charge de cavalerie dans la forêt est irréaliste, mais celle du film est impossible dans les forêts de Germanie d'alors, des forêts primaires extrêmement denses.
Dans le film, les Romains encaissent d'abord l'assaut des Germains avant de s'avancer en lignes successives alors que les légions romaines avaient une tactique plus offensive, basée sur une attaque en formation profonde. Le pilum y est employé comme javelot pour préparer un combat rapproché au glaive alors que dans le film il est utilisé comme lance.
Le philosophe et historien Lucien Jerphagnon, spécialiste de la Rome antique, consacre un chapitre de son dernier livre "Connais-toi toi-même...et fais ce que tu aimes" au film Gladiator. Soulignant certes les inexactitudes historiques, il salue avec enthousiasme l'esprit de ce film somptueux et la qualité de la reconstitution de l'empire romain.