le temps passe si lentement
& je me sens si fatigue
le silence des morts est violent
quand il m'arrache a mes pensees
je reve de ses tenebres froides
electriques & majestueuses
ou les dandys se tiennent roides
loin de leurs pulsions perilleuses
je reve tellement d'avoir ete
que je vais finir par tomber
dans cette foire aux ames brisees
ou le vieux drame humain se joue
la folie m'a toujours sauve
& m'a empeche d'etre fou
je me regarde au fond des yeux
dans le miroir des souvenirs
si partir c'est mourir un peu
j'ai passe ma vie a... partir
je reve tellement d'avoir ete
que je vais finir par tomber
mes yeux gris refletent un hiver
qui paralyse les coeurs meurtris
mon regard vient de l'ere glaciaire
mon esprit est une fleur fletrie
je n'ai plus rien a exposer
dans la galerie des sentiments
je laisse ma place aux nouveaux-nes
sur le marche des morts-vivants
je reve tellement d'avoir ete
que je vais finir par tomber
je fixe un ocean pervers
peuple de pieuvres & de murenes
tandis que mon vaisseau se perd
dans les brouillards d'un happy end
inutile de graver mon nom
sur la liste des disparus
j'ai broye mon propre horizon
& retroune a mon inconnu
je reve tellement d'avoir ete
que je vais finir par tomber
deja je m'avance en bavant
dans les vapeurs d'un vague espoir
l'heure avant l'aube du jour suivant
est toujours si cruellement noire
dans le jardin d'Eden desert
les etoiles n'ont plus de discours
& j'hesite entre un revolver
un speedball ou un whisky sour
je reve tellement d'avoir ete
que je vais finir par tomber
acteursactrices, Posté le vendredi 08 janvier 2016 11:54
Hinne à la Nuit
Pierre de Ronsard
Nuit, des amours ministre et sergente fidele
Des arrests de Venus, et des saintes lois d’elle,
Qui secrete acompaignes
L’impatient ami de l’heure acoutumée,
Ô l’aimée des Dieus, mais plus encore aimée
Des étoiles compaignes,
Nature de tes dons adore l’excellence,
Tu caches lés plaisirs desous muet silence
Que l’amour jouissante
Donne, quand ton obscur étroitement assemble
Les amans embrassés, et qu’ils tumbent ensemble
Sous l’ardeur languissante.
Lors que l’amie main court par la cuisse, et ores
Par les tetins, ausquels ne s’acompare encores
Nul ivoire qu’on voie,
Et la langue en errant sur la joüe, et la face,
Plus d’odeurs, et de fleurs, là naissantes, amasse
Que I’Orient n’envoie.
C’est toi qui les soucis, et les gennes mordantes,
Et tout le soin enclos en nos ames ardantes
Par ton present arraches.
C’est toi qui rens la vie aus vergiers qui languissent,
Aus jardins la rousée, et aus cieus qui noircissent
Les idoles attaches.
Mai, si te plaist déesse une fin à ma peine,
Et donte sous mes braz celle qui est tant pleine
De menasses cruelles.
Affin que de ses yeus (yeus qui captif me tiennent)
Les trop ardens flambeaus plus bruler ne me viennent
Le fond de mes mouelles.