On peut tout comprendre, tout entendre, mais 6000 morts par jour devient une boucherie

Ossuaire de Douaumont (Meuse)
Le bilan humain de la Première Guerre mondiale s'élève à environ 9 millions de morts et environ 8 millions d'invalides, soit environ 6 000 morts par jour. Proportionnellement, en nombre de combattants tués, la France est le pays le plus touché avec 1,4 million de morts et de disparus96, soit 10 % de la population active masculine. En comptant les pertes civiles, la Serbie et la Roumanie, qui ont subi occupations militaires et famines, ont été encore plus durement touchées, perdant 6 à 10 % de leur population totale. Les pertes anglaises (colonies comprises) s'élèvent à 1,2 million de tués. Cette saignée s'accompagne d'un déficit des naissances considérable. Le déficit allemand s'élève à 5 436 000, le déficit français à 3 074 000, le déficit russe est le plus élevé et atteint 26 millions. La stagnation démographique française se prolonge, avec un vieillissement de la population qui ne cesse de croître qu'avec le recours à l'immigration. Cette dernière participe à la reconstruction d'un pays dont le Nord est en ruines. Apparaît également le phénomène nouveau des gueules cassées, nom donné aux mutilés de guerre qui survivent grâce aux progrès de la médecine tout en gardant des séquelles physiques graves. L'intégration de ces victimes de guerre en nombre à la société doit alors se faire au moyen de nouvelles lois et d'organismes comme l'Union des blessés de la face. On compte alors en France de 10 000 à 15 000 grands blessés de la face. Au Royaume-Uni, des sculpteurs, comme Francis Derwent Wood, fabriquent des masques pour rendre un aspect humain aux soldats blessés. Les sociétés d'après-guerre vont garder les marques vivantes de la guerre de nombreuses années encore.